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Anatole Zangs ou l'art de représenter le corps en mouvement

Dernière mise à jour : 31 août 2021


À la fois illustrateur, danseur, et comédien, l'artiste bruxellois associe ces disciplines pour créer. Par le corps, le visage, le dessin, il témoigne que l'expression ne passe pas toujours par les mots et applique parfaitement le proverbe "Une image vaut mille mots".


"Le dessin raconte une histoire, c'est un moyen efficace de véhiculer une idée, un message."



Tu es danseur, comédien et illustrateur. Par quoi as-tu commencé ?


Le dessin depuis tout petit... J’ai commencé l’apprentissage de la danse en suivant ma sœur qui prenait des cours de danse classique. J’ai eu envie de m’y mettre aussi et j’ai fait l’école de l’Opéra de Paris dans cet objectif.


Comment es-tu devenu comédien ? En quoi ton expérience de danseur te sert dans le métier d’acteur ?


En travaillant au sein de plusieurs compagnies comme freelance - pour intervenir de façon plus libre qu’en étant en interne - j’ai obtenu des contrats pour de la vidéo, en publicité, courts métrages, web. Je devais dire quelques mots puis parfois arrêter de danser pour ne donner que la réplique. Voilà. (rires) Les metteurs en scène aiment cette double casquette acteur/danseur. Ce sont des jobs complémentaires.


Sur le dernier court métrage que j’ai tourné “Pipo et l’amour aveugle”, le réalisateur Hugo Le Gourrierec était intéressé par le fait que je sois danseur, sans toutefois vouloir le mettre en avant. C’est un film muet, il fallait donc que les acteurs soient à l’aise avec leur corps pour exprimer des sentiments à peine perceptibles, qui ne soient pas dansés, juste dans l’intention. En exprimant des

idées sans parler, le risque était de tomber dans le surjeu, le mime, ce que le réalisateur ne voulait absolument pas. Il s’inspirait notamment des films de Chaplin sans vouloir reproduire ce style et tomber dans l'exagération. Il s’agissait de donner une interprétation moderne du film muet.




 

"Le métier de danseur est un parcours de longue haleine avec beaucoup de déceptions. Tu tombes et tu dois apprendre à te relever." 

 




À quoi associes-tu la danse ?


Le mouvement et le courage. Il faut se lancer et y croire. C’est un parcours de longue haleine avec beaucoup de déceptions. Tu tombes et tu dois apprendre à toujours te relever. Si tu y crois suffisamment, un jour ça marche. Ce parcours semé d'embûches est valable pour tous les métiers artistiques, je pense.



Dans cette persévérance dont tu parles, il y a un aspect très éprouvant physiquement, lié à l'entretien du corps et la performance.



Tout cela dépend de tes contrats et de tes envies. S’entrainer tous les jours devient mécanique. Parfois, une création avec un chorégraphe te permet de progresser beaucoup plus vite. L’émotion que tu ressens joue un rôle important.


Les sportifs s’entrainent tous les jours pour avoir de meilleures performances. Même si la danse est aussi un sport, je la considère plus comme un art avec un côté sportif. Il ne s’agit pas de faire le meilleur chrono comme un sprinter. En tant que danseur, on utilise la technique pour aller vers l’émotion que l’on veut donner sur scène.


Qu’est-ce qui rapproche et qu'est-ce qui différencie les métiers d’acteur et de danseur ?


Il y a des similitudes avec la danse puisqu’il faut jouer un rôle. En danse, il faut jouer avec un partenaire, devant un public comme au théâtre, et tout cela en musique. Sur un tournage, on peut couper, refaire. Le risque est moindre... Mais l’acteur ne choisit pas la prise, il dépend du réalisateur et doit lui accorder sa confiance. Sur scène, tu imposes ta propre vision au public, sans interruption puisque tout est lié. Tu dois rester dans ton personnage de l’entrée à la sortie de scène. 


 

"J'ai compris que je pouvais faire passer des messages via l'illustration."

 

Concernant ta dernière "casquette", celle d'illustrateur, quelle est ton actualité ?


J'expose à Paris une série d'illustrations intitulée “Les Voluptueuses” sur des femmes grosses, sous-représentées de manière générale. J'insiste sur le mot "grosse" car dire qu'une femme est "ronde" est trop politiquement correct, on cache une vérité qui ne doit pas paraître honteuse. 


J’ai commencé par dessiner une "femme bouteille" avec des grosses hanches pour une étiquette Château Lestignac. Ce dessin était révélateur: j'ai compris que je pouvais transmettre des messages via l'illustration. 



As-tu des sujets de prédilection en tant qu'illustrateur ?


Le vin. Le vin le plus naturel possible, libéré de tout produit chimique, de la vigne à la cave. Selon moi, beaucoup de produits sont ajoutés dans le vin et n'apportent rien. Je travaille avec des vignerons qui partagent cette opinion.



Travailles-tu à la commande ?


Oui, les commandes sont généralement des étiquettes de vins. Dans ce type de cas, je crée une charte graphique qui doit correspondre au vigneron, le dessin est mon idée, mon interprétation mais il doit être fidèle à son histoire, ses valeurs.


As-tu une routine de travail pour dessiner et peut-être parfois, combattre le manque d'inspiration ?


J'ai compris que je ne pouvais pas créer sans contrainte. Le mythe de la page blanche n'existe que lorsque l'on te demande : "Dessine-moi quelque chose." Si l'on te dit plutôt : "Dessine-moi une bouteille avec un verre de vin." Tu deviens plus créatif grâce à cette contrainte. De la même manière en danse, si l'on me dit simplement "Danse." je reste immobile car je n'ai pas de directives assez précises. Mais si je dois danser sur un pied, je suis plus inspiré ! Je deviens un personnage unijambiste par exemple! 


Comment définirais-tu justement ton style, ta patte ?


Je dessine au trait, noir et donc de manière assez classique. Je commence sur papier puis j'affine le trait sur ordinateur.


L'idée du mouvement, inhérente à ta pratique de la danse est aussi présente dans tes illustrations.


Effectivement, j'ai présenté une autre exposition à Bruxelles, intitulée "Les Buveurs", sur ce thème. Mon entourage me poussait à dessiner des sujets en rapport avec la danse, j'ai donc trouvé cette idée de mouvements, tous ceux liés au vin. Les personnages ouvrent une bouteille, boivent une gorgée avec des bras démesurés pour montrer et accentuer le geste. 


Le dessin raconte une histoire courte, c'est un moyen efficace de véhiculer une idée, un message rapidement. Dans ce contexte, il s'agit de représenter les clients des bars à vin. Les personnages sont fictifs mais inspirés des gens que l'on croise, que l'on a l'impression d'avoir déjà vu, des amoureux du vin qui passent un bon moment.  



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